Sur le site internet de nombreux médias de presse, la mention “La rédaction n’a pas participé à la réalisation de cet article” peut être apposée en amont d’un contenu éditorial comme un article ou une vidéo. C’est le cas, par exemple, sur le site internet Le Figaro, Les Echos, Le Parisien, 20 Minutes, Ouest-France, Europe 1, BFMTV. Gwendal Cosson, spécialiste des relations presse et média vous explique les spécificités de cette mention.
Des contenus publicitaires dissimulés ?
Les sites internet de presse et plus globalement les titres de presse reposent sur plusieurs sources de revenus : la vente de journaux, l’abonnement numérique et papier ainsi que la publicité en ligne et imprimée. Ces revenus sont essentiels pour pérenniser ces entités.
À côté des formats publicitaires classiques, des publi-reportages et contenus sponsorisés apparaissent, toujours identifiés par une mention spécifique comme “La rédaction n’a pas participer à la réalisation de cet article”. Ainsi, les rédactions ne participent jamais à leur création. Ces règles s’appliquent à tous les formats, y compris les articles, vidéos et contenus sur les réseaux sociaux.
Toutefois, les mentions du type “La rédaction n’a pas participé à la réalisation de cet article” peuvent susciter quelques interrogations. En effet, ces mentions sont souvent peu visibles ce qui peut créer la confusion dans l’esprit du lecteur. Ce dernier peut légitimement croire que le contenu est édité par la rédaction car il est publié sur son site.
Des contenus publicitaires sans déontologie journalistique
Pour qualifier les contenus estampillés de la mention “La rédaction n’a pas participé à la réalisation de cet article”, on parle communément de “contenus de marque” ou de “publi-rédactionnel“. Ces publicités peuvent aussi être identifiées par des mentions telles que “publicité”, “communiqué”, ou “publi-reportage”.
Ces contenus éditoriaux sont produits par l’annonceur ou son agence, sans intervention de la rédaction. Cela peut prendre la forme d’un comparatif de produits, d’une interview d’un dirigeant d’entreprise ou d’un reportage sur une marque par exemple. Sur papier, ces contenus incluent un logo partenaire et un design distinct. En ligne, des mentions comme « contenu conçu par [marque] » sont ajoutées avec des indications. Ces règles peuvent évoluer, mais sont toujours validées par l’éditeur.
Dans la réalité, on s’aperçoit que cette obligation légale est respectée par les médias mais ces mentions sont souvent dissimulées.
Enfin, les sites de presse utilisent des liens d’affiliation pour générer des revenus complémentaires via ces contenus, gérés par leurs équipes marketing et par des régies partenaires, indépendamment des journalistes. Lorsque ces liens d’affiliation sont présents dans un article, ils permettent au site internet de gagner une rémunération lorsque l’internaute achète un produit ou un service sur le site internet référencé par le média. Une mention précise logiquement : “Les prix mentionnés dans cet article sont indicatifs. Si vous achetez via nos liens, nous pouvons percevoir une commission d’affiliation.”
Il faut donc bien comprendre que les contenus sponsorisés qui contiennent la mention “La rédaction n’a pas participé à la réalisation de cet article” ne respectent pas la déontologie journalistique. C’est-à-dire que ces contenus sont promotionnels et sans aucun sens critique. Ils ne sont pas produits par des journalistes mais par des régies publicitaires ou des agences de communication. Ces contenus sont produits en échange d’une rémunération financière. Bien souvent, ces contenus font la promotion d’une ou de plusieurs marques sans objectivité, sans nuance et sans argumentaire fiable ce qui nuit au consommateur mais aussi aux sources de presse comme Le Figaro, Les Echos, Le Parisien, 20 Minutes, Ouest-France, Europe 1, BFMTV, dont la fiabilité se voit impactée.
Pour les annonceurs, ce type de relations presse et médias permet d’acquérir une forme de crédibilité via la popularité des médias qui publient ces contenus en touchant l’audience du média et en consolidant leur e-réputation. Pour la presse, cela permet de générer des revenus. Cela au détriment du lecteur qui peut être dupé en donnant sa confiance à une source de presse qui n’est pas l’auteur du contenu qu’elle publie. Une ambiguïté bien loin de l’esprit de transparence du journalisme.
Laisser un commentaire